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MataHoata : Arts et Société aux îles Marquises, exposition au musée du Quai Branly (Paris)

Quai Branly Mat Hoata Exposition

Plus de 300 pièces et œuvres, en provenance de collections de musées français de province, ainsi que de l’étranger, sont exposées pour la première fois à l'exposition MataHoata (qui peut se traduire par "faire briller les yeux") pour nous permettre de comprendre les bouleversements de l’art et de la société marquisienne depuis le XVIII°s. Nous avons eu la chance ce matin d’y faire quelques pas en compagnie de Carol Ivory, commissaire d’exposition et professeur à la Washington State University.

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L’exposition est divisée en trois parties : la première dédiée à l’art et la culture tels qu’ils existaient avant l’arrivée des Européens dans les îles Marquises, la seconde se consacre exclusivement à la periode de la conquète proprement dite et à son impact à partir du XVIII°s., la troisième enfin, toujours dans le cadre de la colonisation, focalise sur le renouveau culturel connu par les marquisiens dans la seconde moitié du XX°s.
Te Henua (K)enana ou Te Fenua `Enata, de leurs noms indigènes, les îles Marquises font partie d’un archipel volcanique qui aurait été formé par le mari d’une déesse, voulant lui construire un lieu de vie alors qu’ils vivaient au milieu de l’océan. Les représentations du visage et des yeux (« Mata ») et du corps humain, sur des sculptures de grande ou de petite taille tiennent une grande importance dans la première salle. Le corps humain est non seulement représenté mais aussi utilisé dans de nombreux objets en os sculpté ou d’autres utilisant des cheveux humains. On y trouve aussi d’impressionnants tambours, de forme haute, caractérisés par leurs pieds plus ou moins longs (dans lesquels certains voient une représentation anthropomorphique) qui permettent de tendre leur peau de requin grâce à des cordes en fibres de coco. Ces tambours, faits pour accompagner les chants, ainsi que de larges bols en bois sculptés et bien d’autres objets de cette première partie de l’exposition consacrée aux temps précoloniaux, comme par exemple les pierres à moudre, sont encore utilisés dans la société marquisienne d’aujourd’hui. Une large place est aussi accordée aux colliers et boucles d’oreilles, ainsi qu’aux échasses sculptées qui servaient à des joutes durant les festivals, et bien sûr au tatouage, ornement réservé aux notables et personnes d’importance, ensuite totalement interdit sous la colonisation. Outre les pièces prêtées par les musées de province et internationaux, on note dans cette première partie de cette exposition, de nombreuses pièces prêtées par le Vatican. Prises durant la conquête des îles par des missionnaires français, elles furent conservées à Rome jusqu’à aujourd’hui.

Quai Branly Mata Hoata Marquises

L’un des premiers européens à avoir foulé l’archipel est l’espagnol Àlvaro de Mendaña en 1595, dont l’atroce visite se solda par la mort de 200 Marquisiens. L’installation plus pérenne des colons, des expéditions russe, nord-américaine et française décima la population marquisienne. Cela suite aux sanglantes batailles pour le contrôle du territoire, notamment contre le chef de guerre Pakoko, ainsi qu’à l’introduction de l’alcool et de maladies venues d’autres continents ou encore de l’abattage systématique de l’arbre à fruit à pain. De près de 80 000 au XVIII°s., la population a été réduite à environ 4 000 personnes au début du XX°s. Après un tel massacre, la population était alors à 90% catholique, n’y incluant que partiellement le culte des ancêtres par syncrétisme. Les objets relatifs aux rituels traditionnels perdirent alors peu à peu leur usage régulier. Parmi les écrits des explorateurs, on trouve cette page originale d’un ouvrage du russe Langsdorff, qui, au début du XIX°s., retranscrit la partition d’un air chanté par les marquisiens de l’époque. Cela sans oublier le panel d’anthropologues, d’écrivains et d’artistes comme Gauguin, qui suivirent les conquistadors. L’arrivée, dans la seconde moitié du XIX°s., de magasins sur l’île, et du commerce international notamment avec la côte pacifique des Etats-Unis, s’est marquée par une évolution de l’artisanat à destination des touristes et des exportateurs et l’utilisation de nouveaux matériaux comme le verre.

On retrouve cette vocation commerciale de l’artisanat dans la troisième partie de l’exposition. Cela notamment dans la dernière pièce, avec des objets qui font écho à ceux, plus historiques, rencontrés au début de l’exposition. Mais ils sont cette fois-ci destinés à être vendus dans un but de divertissement, et peuvent aussi être fabriqués par des étrangers vivant aux Marquises. Mais ces objets ne sont pas seuls, car on constate aussi la renaissance du tatouage, interdit sous la colonisation, puis de nouveau intensément pratiqué à partir de 1980. Si la mémoire de nombre de ses motifs a été perdue avec le temps, des Marquisiens se sont rendus aux îles Tonga pour en récupérer une partie, et son renouveau doit aussi beaucoup à l’enseignement du sens ses motifs à l’école à partir des années 1950. En effet, à partir de la seconde moitié du XX°s. un véritable travail de réappropriation culturelle a été fait par les Marquisiens, afin de récupérer leur patrimoine détruit. Les deux seules danses traditionnelles qui avaient pu être préservées depuis la conquête sont maintenant la base de nouvelles danses réinterprétées lors de festivals annuels, certes ouverts aux visiteurs extérieurs, mais auxquels la participation locale est massive. Comme pour nous saluer et nous souhaiter bon voyage, l’exposition se termine avec l’hymne marquisien, son drapeau et un large bol de colliers de graines parmi lesquelles on note une forte présence de la couleur rouge, symbole de pouvoir.

http://www.quaibranly.fr

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Photo : Tahiti Infos

Quelques images de l'expo



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