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Douanier Rousseau, L'innocence archaïque au musée d'Orsay

Douaner Rousseau Innocence Archaique

Douanier Rousseau, L’innocence archaïque
Exposition du 22 mars au 17 juillet 2016
Musée d’Orsay - 1 rue de la Légion-d’Honneur, 75007 Paris
www.musee-orsay.fr

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Le Douanier Rousseau naît en 1844 et disparaîtra en 1910. Il passera sa vie comme employé à l’Octroi jusqu’en 1893. Sa carrière de peintre ne s’étendra en fait que sur vingt-cinq ans puisqu’elle ne débute que de la fin des années 1880 à 1910 date de sa mort. Durant ces trop courtes années que le Douanier Rousseau consacre à son art, il va peu à peu créer un univers d’une singulière beauté, frôlant constamment les frontières de l’irréel sublimé par la magie du rêve.

Vassili Kandinsky inventeur lui-même d’un univers pictural magique, devient un admirateur inconditionnel du Douanier Rousseau en se portant acquéreur de deux tableaux de celui-ci. Pablo Picasso reconnaît aussi très tôt le génie du Douanier Rousseau. Une admiration qui se concrétise par un banquet offert en son honneur en 1908 auquel sont invités également Braque, le poète Max Jacob et Gertrude Stein. L’influence du Douanier Rousseau sur la peinture surréaliste va s’exercer durant une bonne partie du XXe siècle en particulier sur Max Ernst.

Fasciné par les jungles étouffantes, recelant de terribles dangers symbolisés par la présence de félins carnassiers, le Douanier Rousseau y trouve son inspiration, implantant dans ce décor inquiétant des créatures de rêve contrastant fortement avec ces paysages hostiles, hantés de créatures redoutables. Mais l’étrangeté intrinsèque induite par ces jungles étouffantes ne saurait faire oublier que le Douanier Rousseau sait faire surgir l’étrange, le merveilleux, d’espaces parfaitement banals comme par exemple ces maisons isolées de banlieue parisienne qui deviennent soudainement des contrées inconnues, surgies semble t-il d’univers parallèles. C’est ce sentiment d’étrangeté diffuse que l’on éprouve face à Maison de banlieue, peinte vers 1905 qui sidère par le fait qu'elle semble perdue au sein d’une forêt immense.

douanier rousseau maison banlieue paris

Face aux éléments déchaînés, Le Douanier Rousseau réagit de la même manière en plaçant sur une mer démontée et furieuse Le Navire dans la tempête, vers 1889, dont le modèle s’inspire peut-être de la peinture hollandaise du XVIIe siècle. Le Douanier Rousseau sait aussi manier l’humour et relativiser quelque peu l’hostilité effrayante de ces jungles affreuses puisqu’il peint en 1906, Joyeux farceurs, autrement dit un groupe de singes parfaitement débonnaires.

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Le peintre continue de désamorcer l’hostilité supposée de la jungle en nous transportant dans un immense tableau peint en 1910 (l’année de sa mort). En effet, il y peint une jungle luxuriante, envahie de fleurs gigantesques, d’oiseaux aux couleurs chatoyantes et de quelques félins parfaitement inoffensifs. La singularité du tableau réside dans la présence d’une jeune fille nue, tranquillement couchée sur un divan provenant en droite ligne d’un salon bourgeois. Le contraste entre cette jeune fille nue couchée sur ce divan, face à une jungle touffue est saisissant, et révèle la capacité de l'artiste à bousculer les notions de réalité.

Le Douanier Rousseau sait aussi s’affirmer visionnaire face au pire des fléaux de l’humanité : la guerre. C’est ainsi que, vers 1894, il peint La Guerre, vaste tableau dans lequel passe sur un coursier noir comme l’enfer une terrifiante créature (La Mort elle-même ?) semant la désolation, piétinant d’innombrables cadavres. Plus souriant mais ne manquant pas lui non plus d’ une étrangeté qui semble une caractéristique récurrente du peintre, Les joueurs de football, de 1908, surprennent par la grâce des joueurs semblant plutôt voler que parcourir les limites d’un espace confiné, cerné d’arbres déjà parés des couleurs de l’automne. Un tableau du Douanier Rousseau peut aussi attirer l’œil exercé et intrigué du visiteur de cette belle exposition : La Muse inspirant le poète. Il s’agit d’un hommage rendu à Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin représentés sur un fond d’arbres imposants, le premier plan étant décoré de fleurs délicatement peintes. Une exposition qui va peut-être écorner la notion de peintre « naïf » généralement attribuée au Douanier, et lui voir reconnaître un rôle essentiel dans la naissance future du mouvement surréaliste que sa peinture, naturellement visionnaire annonce largement.
Michel Jakubowicz



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