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Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès au Théâtre Gérard Philipe (Saint-Denis)

roberto zucco theatre gerard philippe

Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès
Mise en scène, Richard Brunel
29 janvier - 20 février 2016 salle Roger Blin au Théâtre Gérard Philipe
Centre dramatique de Saint-Denis
du lundi au samedi à 20h30, dimanche à 15h30 (relâche le mardi)
www.theatregerardphilipe.com

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Ultime pièce de Bernard-Marie Koltès, Roberto Zucco est aussi le récit d’une cavale désespérée d’une sorte de cheval fou. Après son incroyable évasion d’une prison dont il est théoriquement impossible de s’échapper, Roberto Zucco va tout au long de sa fuite, sans espoir et vouée à l’échec, semer sa route de nombreux cadavres.

Le protagoniste manifeste ainsi à l’égard de la vie humaine un mépris total. Ceux qui croisent sa route ont peu de temps pour comprendre qu’ils sont face à un météore surgi de nulle part, fonçant tel un animal aveugle vers un seul but : la mort. On peut s’interroger à l’infini sur les motivations de Roberto Zucco : est-il un monstre tuant sans pitié des victimes qui n’ont eu le tort que de croiser sa route, ou est-il lui-même la victime d’une société qui ne peut que broyer les marginaux de son espèce?
Noire et pessimiste jusqu’à l’outrance, la folle cavale de Roberto Zucco ne ménage aucune pause qui permettrait une sorte de répit à un récit échevelé, plein de fureur, émaillé d’une trace sanglante matérialisée par ses terrifiants « exploits ». Si les pièces précédentes de Bernard-Marie Koltès nous avaient familiarisés avec la notion d’incommunicabilité, de l’impuissance des êtres face à un destin impitoyable, rien ne nous avait préparés à un déferlement de violence tel qu’il se déroule dans Roberto Zucco. La mise en scène de Richard Brunel tient compte de cette violence aveugle, même si parfois, sur le plan du respect du texte initial, viennent s’incruster malencontreusement quelques anachronismes inutiles. Sa façon de diriger Pio Marmaï, qui incarne Roberto Zucco et accomplit ainsi une performance d’acteur prodigieuse, est à cet égard très symptomatique : il exalte l’aspect animal, inhumain, du personnage, lancé tel un projectile dévastateur vers l’inconnu, la terreur pure et glacée. Mais il serait injuste de ne pas citer les autres personnages de cette tragédie, comme par exemple Evelyne Didi qui, à elle seule, assume trois rôles : la propre mère de Roberto Zucco, la patronne et une femme. Il faut aussi citer la composition exemplaire de Noémie Develay-Rossiguier incarnant avec beaucoup de présence celui de la gamine. Quant au reste des acteurs, ils s’intègrent parfaitement dans le déroulement forcément saccadé et chaotique de ce drame sanglant. Un spectacle qui rend un hommage mérité à un auteur talentueux bien trop tôt disparu : Bernard-Marie Koltès.

Texte : Michel Jakubowicz
Photo : copyright Serge Bloch

Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès
Mise en scène, Richard Brunel
Avec : Axel Bogousslavsky, Noémie Develay-Ressiguier, Evelyne Didi, Valérie Larroque, Pio Marmaï, Babacar M’Baye Fall, Laurent Meininger, Luce Mouchel, Tibor Ockenfels, Lamya Regragui, Christian Scelles, Samira Sedira, Thibault Vinçon, Nicolas Hénault

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