George Kaplan au Théâtre de La Tempête jusqu'au 7 juin
texte et mise en scène : Frédéric Sonntag
avec : Alexandre Cardin, Florent Guyot, Lisa Sans, Jérémie Sonntag, Fleur Sulmont
du 7 mai 2015 au 7 juin 2015
Théâtre de La Tempête - Cartoucherie
Route du Champ-de-Manœuvre , 75012 Paris
www.la-tempete.fr
LA SUITE APRÈS LA PUB
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L’intrigue assez délirante de la pièce de Frédéric Sonntag, George Kaplan, soumise parfois à de brusques changements de cap fait irrésistiblement penser à l’auteur de science-fiction Philip K. Dick.
Tout comme chez cet auteur inventeur de mondes improbables mais qui possèdent néanmoins toutes les apparences de la réalité, Frédéric Sonntag est à l’évidence, capable de créer de toute pièce un monde fictif qui possède la faculté de se fondre dans une sorte de pseudo-réalité revêtant tous les aspects du monde tel que nous l’appréhendons. L’épicentre de cette pièce semble se concentrer sur l’existence ou la non-existence d’un personnage encore assez flou : George Kaplan. Un groupe agissant dans l’ombre a inventé ce personnage fictif ou réel lui permettant d’imaginer une stratégie propre à fomenter toutes sortes de complots, menaçant ainsi les fondements d’une société édifiée sur des bases qui la préserve de toute tentative de déstabilisation.
Les dissensions de ce groupe inventant sans cesse d’incroyables scénarios destinés à ébranler notre univers supposé cohérent, solide, sont permanentes, allant jusqu’à provoquer chez certains une volonté de rupture, mettant ainsi en péril l’unité et l’existence même de ce groupe. L’univers paradoxal et paranoïaque dans lequel baigne ce groupe de conspirateurs détermine le comportement psychologique de chacun des membres de ce groupe. Un groupe qui soudainement va aller jusqu’à sa disparition puisque l’un deux va brutalement exterminer à coups de révolver ce groupe dont il était un acteur déterminé et actif. Cette séquence particulièrement sanglante va trouver son prolongement par l’utilisation d’une vidéo qui va filmer avec une précision redoutable la cavale sanglante de ce personnage sorti tout droit d’un « serial killer » qui va se terminer par son suicide. La dernière séquence utilisant également la vidéo va accroître encore le sentiment d’étrangeté que diffuse cette pièce. Car en effet pour la première fois dans cette pièce, va apparaître ce mystérieux George Kaplan. Jusqu’à présent ce personnage mythique, dont l’existence n’était que théorique apparaît filmé par une caméra et il faut bien accepter ce fait : nous sommes face à ce personnage dont rien n’avait pu concrétiser l’existence, George Kaplan ! Mais cette apparition fugace et presque fantomatique se faisant par l’intermédiaire d’une vidéo au lieu de permettre une explication plausible de la présence de George Kaplan dans cette pièce coïncide aussi avec la fin de la pièce. Donc une chute abrupte, brutale, qui prolonge ainsi le mystère de cette pièce qui décidément se refuse à toute rationalité, s’enfonçant encore un peu plus dans les ténèbres. Frédéric Sonntag opte pour une mise en scène virtuose, presque frénétique de George Kaplan, ignorant tout temps mort, imposant du même coup à ses acteurs un rythme effréné, hallucinant.
Texte de Michel Jakubowicz