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Kurosawa, les Années Toho, volumes 5 et 6 : « Vivre » (1952) et « Vivre dans la peur » (1955)

Blu ray Kurosawa volumes 5 et 6

Note artistique globale : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Note technique globale : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

Synopsis

Après quelques années d’éloignement volontaire, Akira Kurosawa, auréolé par le Lion d’or de Venise obtenu en 1951 pour Rashômon, revient à son studio de prédilection, la compagnie Toho où il réalise successivement trois films majeurs : Vivre (1952), Les Sept samouraïs (1954) et Vivre dans la peur (1955).

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Vivre : Souffrant d'un cancer incurable, Watanabe, fonctionnaire veuf en fin de carrière, responsable d'un département des affaires publiques à Tokyo, décide de consacrer le peu de temps qui lui reste à vivre dans la concrétisation d'un projet qu'il a trop longtemps repoussé et dans lequel il va se jeter corps et âme : l'assainissement d'un terrain vague afin de créer un jardin pour enfants…

Vivre dans la peur : Tokyo, 1955. Kiichi Nakajima, riche industriel convaincu de l'imminence d'une nouvelle guerre atomique, se résout à liquider tous ses biens et envisage d'émigrer au Brésil avec ses proches. Mais ceux-ci, incapables de lui faire entendre raison et désespérés à l'idée que ses lubies finissent par dilapider la fortune familiale, prennent la décision radicale de le placer sous tutelle…

• Titre français : Vivre - Vivre dans la peur
• Titre original : Ikiru - Ikimono no kiroku
• Support : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1952, 1955
• Réalisateur : Akira Kurosawa
• Casting : (1) Takashi Shimura, Shin'ichi Himori, Haruo Tanaka, Minoru Chiaki, Miki Odagiri, Bokuzen Hidari (2) Toshirô Mifune, Takashi Shimura, Minoru Chiaki, Eiko Miyoshi, Kyôko Aoyama, Haruko Togo
• Durée : 2 h 23 mn 12 - 1 h 43 mn 27
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique japonais
• Bonus : (1) Vivre par Charles Tesson (2016, 34 mn 52) - bande annonce (3 mn 31) (2) Genèse du film (22 mn 21) - Kurosawa par Teruyo Nogami, scripte (2006, 23 mn 47) - le film par Fabrice Arduini (2006, 13 m 36) - (1, 2) livret de 50 pages par Charles Tesson - DVD film et bonus
• Éditeur : Wild Side Video

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Commentaire artistique

Vivre Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)

Pour son retour à la Toho, alors que son film L’Idiot (1951) est un cuisant échec, Akira Kurosawa consacre son nouveau film Vivre à l’histoire de Watanabe, un fonctionnaire condamné par un cancer de l’estomac qui cherche à donner du sens à son existence. Ce film obtiendra l’Ours d’argent à Berlin et deviendra un énorme succès au Japon. Le scénario est co-écrit par le réalisateur avec Shinobu Hashimoto et l'écrivain Hideo Oguni. C’est l’acteur Takashi Shimura qui incarnera ce fonctionnaire engoncé dans son manteau et abasourdi par son état ; bien que Kurosawa trouvait son interprétation trop travaillée, l’acteur a su déployer une impressionnante composition pour son personnage prostré en permanence à l’exception de quelques sursauts de vitalité. Témoignant de la maestria du cinéaste, la construction sophistiquée du film, ponctuée partiellement de répétitions et de flashbacks, jouant sur des sauts chronologiques, la bande sonore (saut brutal du silence au bruit de la circulation) et sur une ellipse inopinée, s’articule en plusieurs temps : celui de la découverte de la maladie, encadré par la photo aux rayons X, celui des souvenirs (sa femme, son fils) et des rencontres (l’écrivain, l’employée), celui des funérailles. Au lieu de se satisfaire d’une unité stylistique, Kurosawa privilégie l’assemblage de genres différents en traitant chaque temps avec un style particulier en adéquation avec son contenu (on retiendra l’extraordinaire séquence des funérailles), sans jamais cesser de jouer avec les espaces (rue, bureau, maison) et l’usage discursif du cadrage. La question existentielle, moteur de l’histoire, est traitée avec une distanciation qui évite l’écueil du mélodrame tout en permettant au cinéaste d’aborder de nombreux thèmes qui lui sont chers sur la mort, les valeurs de la famille, les liens sociaux, l’humanisme… Un chef-d’œuvre qui constitue la quintessence de l’art cinématographique selon Kurosawa.

Vivre dans la peur Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Voir (ou revoir) ce film méconnu, c’est se plonger dans une époque particulière de la société japonaise, traumatisée et paniquée par le péril atomique (Godzilla est réalisé la même année), et apprécier le courage et le talent de Toshiro Mifune, âgé de 35 ans, à se glisser dans la peau d’un vieillard effrayé et morose au rictus ostentatoire. Dix ans après Hiroshima, Kurosawa se risque à aborder ce sujet brûlant interdit par les américains jusqu’en 1952. Il lui a été inspiré par son compositeur attitré et ami, Fumio Hayasaka (qui meurt durant le tournage), à la suite d’un fait divers (un bateau de pêche irradié en 1954 par un essai américain sur Bikini). Avec ce film, le cinéaste change radicalement de registre après son grandiose opus Les Sept samouraïs, chef-d’œuvre du divertissement. Refusant le traitement du sujet sous un angle spectaculaire, Kurosawa décide de l’aborder sur un plan plus humaniste et familial, en focalisant son intrigue sur un vieillard que sa phobie de l’arme atomique va conduire à la destruction de sa très large famille (y compris ses maitresses et enfants hors mariage), de son usine et sa propre chute dans la folie. La narration, habilement menée, va concrétiser l’anéantissement de toute cohésion sociale, sorte de métaphore de l’explosion nucléaire qui réduit à néant les composantes de la nation. Le réalisateur, expert dans l’exposition des relations humaines, décrit toutes les conséquences psychologiques que l’attitude du vieillard va produire sur son entourage et sur la société, celle-ci étant symbolisée notamment par le personnage du médiateur, l’excellent Takashi Shimura qui fit le succès de Vivre. Réputé pour sa perfection, Akira Kurosawa prépara avec minutie son tournage par des répétitions et ne laissa aucune place au hasard en filmant avec trois caméras : il obtenait ainsi, par la magie de cameramen expérimentés, la mobilité nécessaire et la spontanéité de l’interprétation. À sa sortie le film n’eut pas le succès escompté mais si, avec le temps, son aspect est un peu suranné et le jeu des acteurs parfois un brin théâtral (surtout Mifune), la modernité du thème et les récents accidents nucléaires donnent raison au cinéaste qui s’avère un fin visionnaire à l’humanisme foncier.

Commentaire bonus

Si les bonus accompagnant Vivre dans la peur ceux de l’édition DVD de 2006, le seul bonus offert avec Vivre est une analyse 2016 approfondie de Charles Tesson. On appréciera, et c’est une réelle nouveauté, les splendides livrets de Charles Tesson dont l’intérêt, texte et photographies, n’est plus à démontrer.

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Commentaire technique

Tous ces blu-rays ont été restaurés à partir d’un master HD : corrections des défauts, des rayures, de l’instabilité tout en respectant le grain original de la pellicule ; celle du son consista à privilégier le timbre d’origine ce qui explique en partie le souffle perceptible.

Vivre : copie HD à la définition honorable, contraste variable avec des passages de voiles lumineux, noirs tirant parfois vers le grisâtre, granulation ; mixage japonais 2.0 monophonique assez dynamique, aigus bouchés, bruit de fond plus ou moins appuyé.
Vivre dans la peur : copie instable HD à la définition variable pas toujours piquée, bon contraste mais pas assez linéaire, gris bien étagés, assez bon étalonnage, quelques défauts de pellicule, granulation ; mixage japonais 2.0 monophonique clair, équilibré, sans bruit de fond ou accroc.

• Colorimétrie : noir et blanc manquant parfois de densité, noirs tirant vers le grisâtre, blancs pas toujours consistants, échelle de gris variable
• Étalonnage : équilibré
• Contraste : variable
• Compression : pas de défauts notoire
• Définition : variable selon les plans, on pouvait attendre plus
• Mixages : mixages monophonique japonais d’époque, sons bouchés, timbres sourds, souffle omniprésent, pas de distorsion

Liens Web

IMDb
Vivre : http://www.imdb.com/title/tt0044741/
Vivre dans la peur : http://www.imdb.com/title/tt0048198/

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

 

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