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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

CD : Le Voyage d’Allemagne, Emmanuelle Guigues, viole de gambe

Voyage Allemagne CD Viole gambe

Le Voyage d’Allemagne, Emmanuelle Guigues, viole de gambe
Œuvres de Johann Schenck, Georg Philipp Telemann et Johann-Sebastian Bach
L’Encelade
Durée du CD : 62’27’’
Notation : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

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La musique instrumentale européenne est d’une richesse exceptionnelle dans cette période qui se situe entre la fin du XVIIe siècle et la première partie du XVIIIe siècle. C’est en particulier une période faste pour l’Allemagne dont l’apport dans ce domaine est prodigieux aussi bien sur le plan de la musique instrumentale (Bach, Telemann, Schmelzer, Fux, Fasch) que pour la  musique d’orgue (Bohm, Bruhns).

Ce disque propose un voyage effectué dans un domaine particulier : la viole de gambe, un instrument qui en France et durant tout le XVIIe siècle sera célébré à travers les œuvres de Marin Marais, Caix d’Hervelois, Antoine Forqueray, Monsieur de Sainte-Colombe ou encore Monsieur Demachy. Ici c’est aux compositeurs allemands de prouver amplement que cet instrument si expressif ne leur est en rien étranger à l’instar des compositeurs français. Bien que né en Hollande (1660-vers 1712) Johann Schenck, qui sert à la cour de Johann Wilhelm 1er à Düsseldorf, ne publiera sa musique qu’à Amsterdam. Outre la Sonata VI et la SonataV provenant de ce recueil l’Echo du Danube, Johann Schenk a publié également « Le Nymphe di Rheno » opus 8 pour deux violes, « Uitgevondene tyd en konstoeffeningen » pour viole et continuo op.2  ainsi que « Il giardino armonico » pour deux violons, viole et continuo opus 9 (1706).

C’est avec la Sonata VI (L’Echo du Danube) de Johann Schenck que débute l’enregistrement. Elle comporte sept mouvements qui d’une certaine façon l’apparentent aux Suites instrumentales ou orchestrales que Bach, Telemann et Haendel porteront au firmament. L’Adagio-Allegro-Adagio initial est d’une très grande expressivité, suivi d’un Presto plutôt modéré. La troisième partie (un Adagio-Aria Largo) est d’une prenante gravité quelque peu démentie par la pièce suivante (Vivace-Largo). De caractère enjoué la cinquième partie (Allegro-Largo-Largo) se termine pourtant dans le mystère. La sixième partie (Aria adagio) est d’une belle intensité, hésitant entre ombre et lumière. Seule l’ultime partie de cette Sonata VI (Giga) vient amener quelque peu de frénésie à cette œuvre frappée d’une gravité permanente. Avec la Sonate en Ré Majeur pour Viola di gamba senza cembalo, TWV 40:1 de Georg Philipp Telemann nous entrons dans un univers plutôt expressif proche de l’esprit de ses Suites orchestrales. Débutant par un Andante mouvementé, inventif, nous passons à un Vivace endiablé, plein de surprises mélodiques étonnantes, semblant parfois évoquer l’influence lointaine d’Heinrich Ignaz Franz von Biber. Le Recitatif qui suit étonne presque par sa soudaine gravité et se conclut par un Arioso Andante de même caractère. Cette Sonate de Georg Philipp Telemann se termine néanmoins par un Vivace proche de l’allégresse et témoigne de l’inventivité prodigieuse de ce compositeur.

Emmanuelle Guigues viole Gambe

La Sonata V provenant du recueil l’Echo du Danube de Johann Schenck comporte six mouvements et débute par un Adagio très introverti, plein de mystère, suivi d’un Aria Largo tout aussi nimbé d’étrangeté. Etrangeté contredite par la joyeuse Gavotta Presto qui lui succède. Un climat serein prolongé par la cinquième pièce : une Giga Vivace aux rythmes entraînants. Cette Sonata V va se conclure par un Aria oscillant entre gravité et légèreté. Ultime œuvre inscrite sur ce CD la Suite V pour violoncelle BWV 1011 de Johann-Sebastian Bach  est ici transcrite dans une version pour viole de gambe et adopte le même schéma que ses  Suites pour orchestre. L’Allemande (très développée) qui ouvre cette Suite V est d’une intensité presque douloureuse, impression quelque peu effacée par la pièce suivante une Courante d’un caractère moins austère. La Gigue qui met fin à cette Suite V de Johann-Sebastian Bach apporte une sorte de sérénité enfin retrouvée.

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Emmanuelle Guigues, qui interprète à la viole de gambe ce répertoire baroque dédié à cet instrument si expressif, s’est formée auprès de maîtres tels que Jordi Savall, Christophe Coin et Paolo Pandolfo. Son style servi par une authentique sensibilité, profond, d’une très grande intensité lui permet d’appréhender avec une précision stupéfiante ce répertoire si complexe aux méandres semblant proches de l’infini.

Texte de Michel Jakubowicz

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