Double CD : Mozart, "L’Enlèvement au sérail"
Singspiel en trois actes K 384
avec : Thomas Quasthoff, Rolando Villazon, Diana Damrau, Anna Prohaska, Paul Schweinester, Franz-Josef Selig
Vocalensemble Rastatt, Chamber Orchestra of Europe
direction : Yannick Nézet-Seguin
2 CD Deutsche Grammophon (Universal)
CD 1 :74’37’’ CD 2 :64’25’’
Notation : (5/5)
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Friands d’exotisme, les compositeurs durant tout le XVIIIe siècle vont s’emparer du genre « Turquerie » et maintenir cette mode jusqu’au début du XIXe siècle puisque Rossini lui-même n’échappera pas à cet engouement en donnant en 1814 son opéra Le Turc en Italie.
Lorsque Mozart compose en 1782 L’Enlèvement au sérail il vient précédemment de composer en 1781 Idoménée, Roi de Crète. C’est également une période faste dans la production instrumentale mozartienne car parallèlement à la composition de cet opéra, Mozart donne la Sérénade No12 K.388, le Quatuor à cordes No14 K387 ainsi que sa Symphonie No35 dite « Haffner » dans le domaine symphonique. L’intrigue de L’Enlèvement au sérail réunit tous les éléments propres à séduire le public attiré par l’opéra. Car comment imaginer meilleur scénario que celui réunissant la notion de danger et d’exotisme puisque les quatre protagonistes occidentaux sont tous à la merci du pacha Selim et que le gardien de la maison de campagne du pacha n’est autre que le terrible et irascible Osmin. Sur ce sujet riche en suspense et en rebondissements de toute nature, Mozart compose une musique qui épouse avec une étourdissante maîtrise tous les soubresauts d’une action ménageant les surprises les plus inattendues, plongeant dans .l’expectative la plus complète nos quatre prisonniers constamment menacés par l’inquiétante présence de l’abominable Osmin. Bien entendu tout va se terminer sur une note optimiste puisque le pacha Selim va heureusement prouver sa magnanimité en rendant la liberté à ses prisonniers. Une fin heureuse que Mozart concrétise d’ailleurs dans le final de L’Enlèvement au sérail par l’utilisation d’un orchestre turc doté d’une percussion particulièrement exotique. Subtilité supplémentaire qui permet de rendre ainsi un vibrant hommage au pacha Selim soudainement paré de toutes les vertus. Cet Enlèvement au sérail constitue donc le troisième volet des sept opéras de Mozart que dirige le chef canadien Yannick Nézet-Séguin avec la participation de Roland Villazon, L’Enlèvement au sérail présenté ici provient en fait d’un enregistrement capté au cours d’un concert donné à Baden-Baden. Beaucoup de talents sont présents ici pour incarner les personnages de ce singspiel de Mozart. Bien sûr il y a Rolando Villazon qui campe magistralement le rôle de Belmonte mais il ya également Diana Damrau qui endosse avec beaucoup d’exigence celui de Constance. Il y a également à signaler la présence de Thomas Quasthoff dont la fonction se limite à un rôle parlé, celui du pacha Selim. La direction orchestrale de Yannick Néguet-Séguin, vive, enflammée, dynamique, sait insuffler à ce singspiel de Mozart une dimension que l’on ne rencontre que trop rarement dans le domaine lyrique : celle de la passion liée à l’enthousiasme. Au total une évidente réussite qui vient s’ajouter à trois autres opéras de Mozart déjà enregistrés par Yannick Nézet-Séguin et le ténor Rolando Villazon : Lucio Silla, Cosi fan tutte et Don Juan.
texte de Michel Jakubowicz
CD disponible sur Amazon
LA SUITE APRÈS LA PUB
|