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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

CD : RAVEL, Dapnis et Chloé, la Valse… par Philippe Jordan

Ravel Daphnis et Chloe Jordan

Daphnis et Chloé :ballet en un acte
La Valse
Orchestre et chœurs de l’Opéra national de Paris
direction :PHILIPPE JORDAN
1 CD Erato (Warner Classics)
durée : 68’35’’
notation : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orange(5/5)

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Lorsque Pierre Monteux dirige l’intégrale de Daphnis et Chloé le 8 juin 1912 au Théâtre du Châtelet avec comme décors ceux (extraordinaires) imaginés par Léon Bakst , il ne recueille de la part du public qu’un succès des plus médiocres alors que Ravel vient de composer une de ses œuvres les plus fascinantes.

Même Vincent d’Indy s’y met, qualifiant l’orchestration pourtant raffinée à l’extrême de Ravel de qualificatifs peu amènes tels que « des holocaustes de frottis bizarres dont l’utilité musicale ne paraît point flagrante ». Bizarre jugement de l’auteur de la Symphonie « Cévenole » , aîné de Maurice Ravel, qui semble dépassé par l’incroyable palette orchestrale que le compositeur met en œuvre  dans ce ballet .Car pour recréer cette Grèce imaginaire hantée par les Dieux et d’extraordinaires créatures issues d’une mythologie rêvée, Maurice Ravel fait appel  à un orchestre imposant nécessitant les cuivres par quatre, introduisant également un chœur  mixte et ajoutant à un effectif orchestral considérable la présence d’un éoliphone (machine à vent) devançant ainsi Richard Strauss qui introduira cet étrange machine à vent dans sa Symphonie alpestre en 1915. Seconde œuvre complétant ce CD : La Valse que Ravel compose entre 1919 et 1920.C’est une sorte de poème orchestral vénéneux d’une noirceur extrême dans lequel Ravel fait de nouveau appel à une palette sonore qui confine au vertige, à l’étrangeté la plus glaçante. Diaghilev qui va entendre cette œuvre pour la première fois en 1920 dans sa version pour deux pianos confie à Ravel ses impressions, qualifiant l’œuvre en ces termes « Ravel, c’est un chef-d’œuvre, mais ce n’est pas un ballet. C’est la peinture d’un ballet ».Il va sans dire qu’après ces critiques peu charitables les relations entre les deux artistes prennent fin. L’enregistrement présent de Daphnis et Chloé de Ravel par Philippe Jordan et les Chœurs  de l’Opéra National de Paris séduit immédiatement l’auditeur par sa clarté et sa façon de faire monter une extraordinaire palpitation orchestrale propre à évoquer une Grèce mythologique hors du temps. Une réussite que le chef suisse obtient par une précision d’orfèvre que l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra National de Paris réalisent à la perfection. Quant à la version de La Valse proposée par Philippe Jordan, elle nous ouvre de terribles gouffres regorgeant de maléfices obscurs. Bien sûr, Philippe Jordan n’est pas le seul chef d’orchestre à avoir enregistré Daphnis et Chloé et Pierre Monteux qui créa l’œuvre en 1912 en signa une version de référence avec l’Orchestre Symphonique de Londres vers 1959.Mais il faudrait aussi citer une extraordinaire version réalisée par Charles Munch ainsi que par Claudio Abbado et Pierre Boulez et André Cluytens. Beaucoup plus récemment c’est  au jeune chef d’orchestre canadien Yannick Nézet-Séguin d’en avoir signé une de très bonne facture. La présente version  de Philippe Jordan de Daphnis et Chloé de Ravel vient tout naturellement s’inscrire dans la continuité de ces versions (Monteux, Munch, Boulez, Abbado) entrées à jamais dans la légende des enregistrements quasi-historiques.

Texte de Michel Jakubowicz

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