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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Opéra : Au Monde de Philippe Boesmans à l'Opéra Comique le 26 février

Au Monde de Philippe Boesmans Opera Comique

sur un livret de Joël Pommerat
Créé au Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles le 30 mars 2014
Direction musicale : Patrick Davin
Mise en scène : Joël Pommerat
Avec : Frode Olsen, Werner Van Mechelen, Philippe Sly, Charlotte Hellekant, Patricia Petibon, Fflur Wyn, Yann Beuron, Ruth Olaizola
Orchestre et Chœur
Orchestre Philharmonique de Radio France

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à l'Opéra Comique (Paris)
jeudi 26 février 2015
www.opera-comique.com

Si Au Monde est la dernière grande partition de Philippe Boesmans, elle couronne d’une certaine façon le parcours d’un compositeur qui possède à son actif une œuvre importante. Une caractéristique apparaît comme une sorte de constante dans l’œuvre de Philippe Boesmans : la création permanente d’univers musicaux très différents.

Bien sûr, Philippe Boesmans reprend à son compte les grandes formes du passé héritées du classicisme et du romantisme comme par exemple son Concerto pour piano qu’il compose en 1978.Cette œuvre sera d’ailleurs immédiatement suivie en 1979 d’un Concerto pour violon. Philippe Boesmans écrit aussi pour orchestre  Multiples datant de 1974, reprenant à nouveau ce titre Multiples en 1978 mais cette fois-ci pour ensemble instrumental. Revenant à nouveau à l’orchestre symphonique, il compose en 1980 Conversions pour orchestre. On pourrait penser que Philippe Boesmans délaisse un genre majeur de la musique de chambre, le quatuor à cordes. Il n’en est rien car en 1988 il compose son Quatuor à cordes No1, Quatuor  à cordes qui sera suivi d’un Deuxième quatuor à cordes (Summer dreams).Mais décidément, Philippe Boesmans aime aussi explorer d’autres univers comme Dreamtime composé en 1993 qui réunit une harpe, un tuba basse solo et un ensemble instrumental. Marquant un intérêt certain pour Claudio Monteverdi, Philippe Boesmans propose en 1989 une nouvelle orchestration d’un opéra majeur du maître vénitien : L’incoronazione di Poppea. Tout naturellement nous arrivons à la partie majeure de la création musicale de Philippe Boesmans : l’Opéra. Car si Au Monde représente la dernière incursion du compositeur dans le domaine de l’opéra, cet ouvrage a été bien entendu précédé par un nombre conséquent d’autres ouvrages lyriques. Cela débute par La Passion de Gilles, opéra en trois actes datant de 1983, qui sera suivi une dizaine d’années plus tard par Reigen (La Ronde) dont le livret sera dû à l’actuel directeur du Théâtre de l’Odéon : Luc Bondy. Philippe Boesmans composera également Wintermärchen toujours sur un livret de Luc Bondy d’après The Winter’s Tale de William Shakespeare.  Phillippe Boesmans s’inspirant de la pièce d’August Strindberg, Mademoiselle Julie, composera aussi un opéra , Julie, en 2005.Enfin, en 2009 ce sera Yvonne ,princesse de Bourgogne avec comme librettistes Luc Bondy et Marie-Louise Bischofberger. Le dernier ouvrage lyrique de Philippe Boesmans Au Monde nous plonge d’emblée dans un univers angoissant presque oppressant : celui d’un empire industriel au bord de l’effondrement, rongé, lézardé peu à peu par le temps qui s’acharne à le faire disparaître. Celui qui a érigé cet empire, atteint par la sénilité, inhérente à l’approche de la vieillesse tente par tous les moyens de trouver un successeur et pour cela a reporté tous ses espoirs sur son fils qui vient de renoncer à sa carrière militaire pourtant exemplaire et pleine de promesses. Mais ce personnage(Ori) semble bien indécis, reportant sans cesse l’offre de son père l’invitant à lui succéder  à la tête de son empire industriel. Peu à peu, le délabrement se poursuit insidieusement et les deux sœurs d’Ori ont beau l’encourager  à prendre ses responsabilités, rien n’y fait et l’opéra s’achève dans une sorte d’obscurité mentale proche du malaise .La musique de Philippe Boesmans narre avec une rare acuité sonore les différentes phases de l’opéra en ayant par exemple recours aux instruments graves de l’orchestre, n’hésitant pas à faire appel aux sombres et inquiétantes couleurs sonores du tuba. Vocalement, l’œuvre est d’une grande lisibilité, puisque l’écriture tant vocale qu’instrumentale de Philippe Boesmans reste constamment tonale. La mise en scène de Joël Pommerat est tout aussi efficace que la musique de Philippe Boesmans, anticipant toutes les fêlures d’un monde promis à sa disparition inéluctable. Très bonne distribution vocale avec bien sûr, la présence de Patricia Petibon incarnant la seconde fille, ainsi que Charlotte Hellekant(La fille ainée),Fflur Wyn( La plus jeune fille),Ruth Olaizola (La femme étrangère). Les rôles masculins sont eux aussi parfaitement endossés par Philippe Sly (Ori), Yann Beuron (Le mari de la fille aînée), Frode Olsen (Le père) ainsi que Werner Van Mechelen incarnant le rôle du fils aîné. Très bonne prestation orchestrale de l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé avec précision et engagement par Patrick Davin qui révèle l’univers sombre et inquiétant du paysage musical inventé par Philippe Boesmans.

Michel Jakubowicz

Œuvre disponible en CD :

Philippe Boesmans - AU MONDE
opéra en vingt scènes
Petibon /Degout / Beuron /Hellekant
Orchestre Symphonique de la Monnaie/de Munt
Patrick Devin
CYPRES
2 CD durée totale : 114’41’’

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