CD : Morning in Long Island de Pascal Dusapin - Myung-Whun Chung
Orchestre Philharmonique de Radio France, direction
Deutsche Grammophon (Universal)
durée du CD: 62’31’’
notation: 
(5/5)
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Pascal Dusapin, dans son oeuvre destinée à la scène n’a pas craint de revisiter quelques thèmes chers aux compositeurs du XIXe siècle. En effet, Pascal Dusapin prend comme argument de son premier opéra une pièce célèbre de William Shakespeare : Roméo et Juliette.
Il reprend également un thème traité au 17e siècle par Marc-Antoine Charpentier : celui de Médée, qui sera également repris au XIXe siècle par Luigi Cherubini. Mais Pascal Dusapin, il y a déjà quelques années, a repris à son compte un thème fascinant que Liszt, Berlioz, Busoni, Boïto, ont mis en musique de façon très convaincante : il s’agit de Faust. Son opéra, Faustus permet de mieux cerner encore les capacités de Pascal Dusapin confronté à un thème sulfureux lié à la présence du malin proposant ses paradis factices et trompeurs. L’œuvre de Pascal Dusapin comprend aussi une discipline périlleuse où Haydn, Mozart, Beethoven, Chostakovitch et Bartok ont légué à l’humanité d’extraordinaires témoignages, il s’agit du Quatuor à cordes. Dans ce CD, Pascal Dusapin se frotte à un genre tout aussi ambitieux que celui du Quatuor à cordes, puisqu’il s’agit ici des dernières œuvres du compositeur consacrées à l’orchestre. La première pièce pour orchestre qui débute ce CD est Reverso et est aussi la plus développée du CD. Pascal Dusapin y affirme une sorte de lyrisme contemplatif ; la musique semble presque immobile, fascinante, générant des paysages s’étendant à l’infini. Uncut qui suit Reverso, tranche totalement avec celle-ci, débutant par une surprenante fanfare clamée par six cors-hommage rendu à Mahler débutant lui-aussi par une fanfare sa Troisième Symphonie ?-Quant à Morning in Long Island qui est la pièce symphonique la plus longue de ce CD, elle lui aurait été suggérée par un ami (Olivier Cadiot) qui en entendant le récit que lui contait Pascal Dusapin sur son séjour à Long Island , l’aurait convaincu d’écrire une œuvre symphonique sur ce sujet. Dans Morning in Long Island, Pascal Dusapin révèle des facultés indéniables de coloriste, suspendant en quelque sorte dans une sorte d’étirement sans fin, chaque fragment instrumental né de son imaginaire de compositeur. Myung-Whun Chung dont on connaît l’attachement au répertoire symphonique français contemporain (Messiaen, Dutilleux, Ravel..) accomplit ici avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France un travail prodigieux. Avec lui, les splendides paysages sonores pensés par Pascal Dusapin prennent leur envol, nous menant toujours plus loin dans les vastes perspectives infinies de l’espace et du temps.
Texte de Michel Jakubowicz
CD disponible sur Amazon
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