CD : Mahler, Das Klagende Lied - Berg, Lulu, Suite - par Pierre Boulez
par l’Orchestre Philharmonique de Vienne dirigé par Pierre Boulez
avec Prohaska-Röschmann-Larsson-Botha et le Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Deutsche Grammophon (Universal)
Durée : 1h 4’ 34’’
Notation : 
(5/5)
Gustav Mahler avec Das Klagende Lied qui finalement ne sera créé qu’en 1901, prend comme sujet un conte fantastique terrifiant qui met en scène deux frères dont l’un tuera l’autre pour s’emparer d’une fleur rouge que recèle une lointaine et sombre forêt. Ce crime horrible perpétré par un frère contre un frère, se terminera de la plus horrible manière, car bien que mort, l’âme du frère assassiné se retrouve miraculeusement dans une flûte qu’un ménestrel utilisera pour confondre l’assassin alors même qu’il s’apprête à célébrer ses noces avec une princesse abusée, ignorant l’horrible méfait accompli par celui qui prétend s’unir à elle.
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Noire et violemment expressive, utilisant parfois de manière brève mais fulgurante un orchestre invisible et lointain, la musique de Gustav Mahler illustre merveilleusement ce conte oppressant dans lequel le spectre du frère assassiné par son frère revient hanter ce dernier lui rappelant son abominable forfait. Pierre Boulez qui dirige ici l’Orchestre Philharmonique de Vienne, connaît fort bien l’œuvre pour l’avoir enregistrée dans son intégralité avec l’Orchestre Symphonique de Londres. Dans le présent enregistrement, Pierre Boulez renonce à la première partie, la plus longue de l’œuvre, nommée Waldmärchen, se contentant des deux dernières parties, Der Spielmann et Hochzeitsstück. Das Klagende Lied ainsi amputé de ce fantastique et légendaire Waldmärchen perd une grande partie de sa force mystérieuse, mais la direction inspirée de Pierre Boulez dirigeant la fabuleuse philharmonie de Vienne séduit néanmoins par son sens du contraste et par la dramatisation du discours musical d’une violence constante. Notons aussi le bon choix de Pierre Boulez qui réunit pour ce Klagende Lied de Mahler trois voix excellentes : celle de Dorothea Röschmann, soprano, Arna Larsson , contralto et Johan Botha , ténor. Pour conclure ce CD, Pierre Boulez a choisi quelques pièces symphoniques provenant de l’opéra inachevé d’Alban Berg, Lulu. La musique d’Alban Berg dépeint avec une cruauté prodigieuse l’âme maléfique et perverse de Lulu. Elle décrit avec une infinie précision la longue et inexorable plongée vers la mort de celle qui a fait de ses amants de pitoyables victimes vouées à la folie et au désespoir. Pierre Boulez, toujours à la tête de la Philharmonie de Vienne, cisèle avec beaucoup de finesse ce portrait d’une séductrice promise elle aussi au plus cruel des destins.
C’est la soprano Anna Prohashka qui assure ici le rôle de Lulu dans cette Suite symphonique d’Alban Berg, tirée de son propre opéra Lulu.