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CD : Erwin Schulhoff, Leo Smit - Les voix de l’oubli

smit-la-voix-de-l-oublipar Virginie Reibel-Escoffier (fl)
Durée : 1h 15’ 17’’
Saphir LVC 1128
www.saphirproductions.net
Notre avis : etoile-verteetoile-verteetoile-verteetoile-verteetoile-verte(5/5)

La flûtiste Virginie Reibel-Escoffier, avec six autres musiciens, de grand talent eux aussi : David Haroutunian (vln), Florent Bremond (avln), Béatrice Petit (cello), Philippe Noharet (b), Valeria Kafelnikov (harpe) et Romain Descharmes (p) a eu l’idée, ô combien nécessaire, de sortir de l’oubli des musiciens victimes de la barbarie nazie. En voici deux, magistralement ressuscités à nos mémoires, Erwin Schulhoff et Leo Smit. En alternance, un morceau de l’un puis un morceau de l’autre, les voici en pleine lumière.

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Le Tchèque Erwin Schulhoff (1894-1942) ouvre le disque avec un concertino pour flûte, alto et contrebasse. Quatre mouvements d’esprit bohémien, notamment le deuxième, « Furiant » et le dernier, très joyeux, un « Rondino allegro gaio » avec une touche de debussysme. Erwin Schulhoff, juif et militant communiste, sera arrêté en 1941 et déporté au camp de Wülzburg où il mourra de tuberculose l’année suivante. Le deuxième morceau composé par lui et ainsi ressuscité est une sonate pour flûte et piano, en quatre mouvements. Une sonate d’esprit français, car, bien évidemment, un musicien comme lui, qui avait étudié avec Debussy et était considéré comme artiste dégénéré par les nazis, ne pouvait pas suivre l’orthodoxie wagnérienne. Cette sonate, très moderne, très influencée par les recherches parisiennes et le jazz balbutiant est extrêmement joyeuse, ce qui, compte tenu du destin horrible d’Erwin Schulhoff, est pathétique. Idem pour son « Susi », un fox song pour flûte et piano, très novelty à la Jean Wiener, qui montre combien ce que savaient ces artistes du jazz avait de l’importance, même si, souvent, ils n’en avaient qu’une connaissance très floue. Il serait d’ailleurs intéressant qu’un jazzman, un sax soprano, par exemple, se saisisse aujourd’hui de ce « Susi » et le fasse renaître.

L’autre artiste ressuscité par Virginie Reibel-Escoffier est le Néerlandais Leo Smit (1900-1943). Lui aussi avait des influences françaises, il avait même vécu à Paris et rencontré Darius Milhaud et Honegger. Lui aussi était juif et a été déporté au camp de Sobibor où, à quarante-trois ans, il a été gazé. Virginie Reibel-Escoffier joue tout d’abord un trio de lui pour flûte, alto et harpe. Une musique très raffinée, très élégante et fort moderne. Le deuxième morceau exhumé est un quintette pour flûte, harpe et trio à cordes. L’influence de Darius Milhaud est patente dans les trois mouvements qui forment une sorte de poème symphonique. Le troisième, une sonate pour flûte et piano dont la partition a été sauvée par un de ses élèves, date de l’année de sa mort effroyable. Elle est donc marquée plus personnellement, plus intimement, plus angoissée. C’est une très belle œuvre et le jeu très subtil de Virginie Reibel-Escoffier et de Romain Descharmes en souligne toute la profondeur.

L’initiative de créer ce CD est remarquable et comme elle est soutenue par la fondation d’entreprise Banque Populaire (www.fondationbanquepopulaire.fnbp.fr),  cela prouve qu’il y a des banques qui font autre chose que spéculer en bourse sur notre dos.

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