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Festival Django à Liberchies 2012 (Belgique)

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Photo de l'album Festival Django à Liberchies 2012 by Tim

du 5 au 6 mai 2012

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Le 5 mai 2012, pendant qu’en France, on se demandait : « passera ?  passera pas ? », on était, en Belgique, en plein onzième festival de Liberchies (www.djangoliberchies.be), dans le petit village qui a vu naître, il y a 102 ans le génie de la guitare, Django Reinhardt. Ce samedi 5, la météo, pourtant, n’était pas au rendez-vous, elle. Une température en baisse, un crachin fin et pénétrant, et, malgré ça, des passionnés de guitare manouche, venus, gratte à la main, ou sur le dos pour beaucoup, parfois de loin.

A quinze heures trente, le coup d’envoi est donné par un groupe grec, le trio Diminuita Swing. Deux garçons et une fille dans du swing manouche à l’ancienne, guitare solo brillante (Giorgos Papadogiannis), une pompe solide (Effie Saranti) et une contrebasse méthodique (Kostas Arsenis). Au répertoire, du Django (Place de Brouckère, etc). Le public adore. Nous aussi.

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Lui succède un quartet, Cabamça, avec des guitares (Victor Da Costa et Boris Gaquere), percussions et sax (ou flûte),. Le groupe vient de Bruxelles mais préfère la culture originelle de ses musiciens (Brésil, Amérique du Sud) et joue ses propres compositions. Cela réchauffe un peu l’atmosphère qui en a bien besoin. La pluie s’invite.

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A l’entracte, c’est le moment que choisit le guitariste Titi Bamberger, une des vedettes allemandes du Samois 2010, pour offrir un cadeau au musée de Liberchies, par l’intermédiaire de l’échevin Philippe Knaepen : un magnifique coffret de vinyles de Django Reinhardt. D’année en année, le musée de Liberchies, consacré à Django Reinhard, s’enrichit d’affiches, de brochures, de revues, de disques 78, 45 et 33 tours, de livres et de souvenirs liés au grand guitariste manouche. Titi Bamberger promet de venir l’an prochain offrir d’autres objets de sa collection personnelle.

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Puis, c’est l’excellent groupe suisse Swing Express qui, avec son jazz des années trente, nous rappelle les années de naissance du swing manouche, créé par Django. Avec un violoniste hors du commun, Martin Abbuehl, qui, bien que jouant en frac, a un swing qui rappelle celui de Stéphane Grappelli, pour ce qui est de la vigueur.

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Le quintet parisien Sarah French, avec ses six artistes (?) prend la suite. Une chanteuse, Sara Longo, une violoniste, excellente, elle aussi, et qui chante un peu également, et quatre garçons, (deux guitares, une contrebasse et une clarinette) pour du swing manouche fortement mâtiné de canzonetta napolitaine et de buleria espagnole. Pourquoi pas si le résultat est convaincant ? Et il l’est ! ça swingue, c’est étincelant, ça groove et ce n’est pas gratuit. Cela vient du fond du cœur et ça s’entend. Une belle prestation !

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Puis, c’est l’apogée de la soirée : le trio des frères Ferré. Boulou et Elios avec le violoniste Daniel John Martin. Le temps s’est considérablement dégradé, un bruit court que la température est à quatre degrés, un fin crachin s’installe et c’est devant un public clairsemé que le trio, chaudement emmitouflé, se présente sur scène. Et immédiatement, c’est un feu d’artifice : « Artillerie lourde », « Place de Brouckère », « Anouman ». Puis on passe de Django Reinhardt à Jean-Sébastien Bach, avec des citations qui explosent ça et là comme des bouquets de feu d’artifice, là où on ne les attendait pas : « Minuit chrétiens », ou « Le Chant des partisans ». Boulou et Elios, comme ils le font depuis de nombreuses années maintenant, se passent le relais de solistes. C’est de la dentelle au petit point, brillante et lumineuse. Boulou Ferré, revenu d’un tour en coulisses, met le turbo pour le plus grand émerveillement du public qui tient, stoïque, sous les intempéries, ravi de tant de générosité. Tout devient cadeau. Le violon de Daniel John Martin, une nouvelle acquisition qui sonne magnifiquement, fait merveille, grâce à un coup d’archet dynamique à souhait. Ils terminent sur du Gainsbourg.

C’est magique.

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Le lendemain, les concerts démarrent à treize heures, avec un groupe wallon, Sounty Sinto, bien ancré dans la tradition pour notre plus grand plaisir. Le piano boogie de Druss Lecomte répond à la guitare manouche de David Becker, tous deux architecturés par la rythmique de Thierry Delporte (g) et de Jack Fire (b). Impeccables.

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Puis, c’est le tour de Christine Lutz. Changement de décor : c’est une harpiste qui s’est mise au swing manouche. D’abord, on n’y croit pas, mais il faut s’y faire. Sans avoir les capacités swinguantes d’une guitare, la harpe se révèle un instrument capable de prodiges jazzistiques. Entourée par deux swingueurs de choc, le contrebassiste Gilles Schlaf et le guitariste Philippe Guignier, la harpiste Christine Lutz emporte l’adhésion du public. Une adhésion méritée.

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Vient ensuite le quintet flamand intitulé la Femme Belge qui chante en français et en américain aussi bien qu’en flamand et joue comme s’il y avait le feu. Trois guitares, un violon, une contrebasse, mais également parmi eux trois choristes et un chanteur (Sam Coenegrachts) qui emballent le public. Cela fonctionne à l’énergie, c’est du hautement tonique et roboratif.

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Le quartet qui suit, la Pompe, se caractérise par deux excellents solistes, le guitariste Rémy Hervo (retenez ce nom) et le violoniste Gérard Vandebroucque. Venus de Nantes, comme leur nom ne l’indique pas, ils sont accompagnés par le guitariste Lorenzo Muccio et le contrebassiste Simon Mary. Ils jouent un jazz apparenté au swing manouche, mais pas seulement. Leur musique est rafraichissante et généreuse. Le public ne s’y trompe pas et, le soleil faisant une timide réapparition, les applaudit longuement.

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L’apothéose arrive presque vers vingt heures, avec l’arrivée sur scène des Rosenberg, alors que la nouvelle « Sarko est viré ! » circule déjà parmi les spectateurs. Un Hollandais n’arrive jamais seul. Ils sont trois, trois Rosenberg. Plus Hollande à l’Elysée, mais ça, c’est autre chose. Ce qu’il y a d’original dans ce trio, c’est qu’ils sont quatre, car le violoniste Tim Kliphuis est aussi avec eux. Et quel violoniste ! Un Grappelli qui aurait retrouvé ses trente ans. Et c’est du Django qui ouvre la soirée, d’abord les inusables, puis ces compositions que les Rosenberg, au fil des disques, nous ont offertes. On est sur un nuage. C’est la perfection, la précision, l’invention, l’improvisation qui fusent à tour de doigts et de médiators chauffés à blanc. Rapidité, virtuosité, élégance, respiration, et surtout expressivité constamment renouvelée. Les Rosenberg sont sans doute parmi les meilleurs qui soient, tout autant que Tim Kliphuis. Des citations, des clins d’œil, de l’âme, les Yeux Noirs pour finir. Que demander de plus ?

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Quand la nuit tombe, les spectateurs sont encore sous le coup de cette musique superbe, de ce style qu’un jour, un natif de ce village créa de ses trois doigts gauches, de sa fabuleuse main droite, de son cerveau fertile et surtout de son âme la plus profonde. Celle d’un fils du Vent, comme tant d’autres, mais exceptionnel, lui..

Du festival, il reste des souvenirs, des images, le théâtre pour les enfants, les cyclopes du futur, les luthiers, les endroits (partout) où se jouent plus ou moins adroitement des bœufs improvisés et déjà, commence à s’implanter dans nos têtes l’idée que l’an prochain, en 2013, ce sera le soixantième anniversaire de la mort de Django, disparu le 16 mai. Vivement mai !

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