Skip to main content
PUBLICITÉ

Opéra "fumiste"

allais-fumiste-1

Paris XIXème, Café Allais, le 3 février 2012

LA SUITE APRÈS LA PUB

C’est à bord de la péniche Adélaïde, amarrée à côté de la péniche Opéra, face au 46 quai de Loire, sur le bassin de la Villette que durant le mois de février, la Compagnie lyrique générale de France jouait Café Allais, un opéra « fumiste ». Sur une musique de Nicolas Ducloux, parente par instants avec celle d’un aîné illustre, Erik Satie, c’est-à-dire simple en apparence, mais déjantée et complexe, deux barytons et une soprano ont chanté ou déclamé des textes de l’humoriste Alphonse Allais.

Un pianiste aveugle, Nicolas Ducloux, arrive, soutenu par le garçon de café, pose sa canne blanche, le remercie et s’indigne contre les autres en coulisses. « Je vous ai vus », clame-t-il. Le ton est donné. Les autres, ce sont Edwige Bourdy, Gilles Bugeaud et Pierre Mechanick. Ils sont désopilants, drôles, caricaturaux, légers et profonds à la fois. Car Alphonse Allais, c’est, bien sûr, le comique irrésistible, l’auteur de vers holorimes, c’est-à-dire qui riment tout au long des vers, le membre des Fumistes, des Hydropathes mais c’est aussi celui qui considère son époque ultra-sérieuse avec dérision. Il est né la même année que Rimbaud mais au lieu de partir, lui, il est resté. Et cette époque, marquée par la défaite de 1870, l’assassinat de la Commune, la bourgeoisie triomphante, l’antisémitisme et le nationalisme délirants (Déroulède fut une de ses têtes de Turc), les scandales financiers, il le la prend pas au sérieux. Il se moque d’elle et il la combat par le rire. Les quatre artistes sur scène nous font un portrait au vitriol de cette société bourgeoise sûre d’elle en nous faisant rire ou en la faisant basculer dans l’absurde. Lumières et costumes sont parfaits (les dessous croquignolets d’Edwige Bourdy, j’en veux des comme ça). Parfois, Alphonse Allais est prophète sans le vouloir : il invente, croyant que c’est stupide, la peinture monochrome avant Yves Klein ou la guerre bactériologique avant que nous n’y pensions. Et si c’était le fumiste qui avait raison ?

allai-fumiste-2



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ